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littérature Polar des Plats Pays

Un fourmillement: un extrait de «Façade» d’Esther Verhoef

Par Esther Verhoef, traduit par Christian Marcipont
13 octobre 2021 2 min. temps de lecture

Dans la néerlandophonie, les auteurs de thrillers et de romans policiers sont aujourd’hui encore en butte à de tenaces préjugés. Il n’empêche: aux Pays-Bas comme en Flandre, il s’agit d’un genre qui a beaucoup à offrir. En accompagnement de l’article de Jos van Cann qui présente les principaux auteurs et un aperçu de quelques tendances saillantes, voici un extrait de Façade d’Esther Verhoef.

Un fourmillement

Jusque tard dans la soirée, elle est restée assise sur son balcon. La tête penchée, le visage blême éclairé par l’écran de son téléphone. Aucun vague sourire ou mouvement, cette fois, rien qui ait signalé qu’elle communiquait avec une autre personne; Iris van der Steen, toujours dans la même position, réfléchissait profondément. Son regard dénonçait une certaine inquiétude.

Mes jumelles m’assurent une netteté de vision jusqu’à cent trente mètres. J’ai réussi à observer la moindre contraction musculaire, la plus petite inspiration comme si je me trouvais en face d’elle.

Pendant la soirée, j’ai vu les lumières de l’immeuble s’éteindre les unes après les autres – ce ne sont pas encore les congés d’été, la plupart des gens doivent aller au boulot demain. Iris a attendu qu’il soit plus ou moins minuit avant de se coucher, mais il y a gros à parier qu’elle aura du mal à fermer l’œil. De loin en loin la fenêtre de sa chambre s’éclaire, comme une enseigne lumineuse bleue sur la façade obscure. Est-elle nerveuse en pensant à demain, un peu excitée? Si c’est le cas, cela nous fait au moins un point commun.

Je voudrais regarder à travers ces rideaux. Qu’est-ce qu’elle fabrique? Qu’est-ce qu’elle porte? Rien? Ou bien un de ces slips HEMA – cinq pour le prix de quatre? En coton rose ou blanc, avec un pointillé naïf et un petit nœud parfaitement inutile. Je sens un fourmillement me parcourir. Ce serait parfait. Tout plutôt qu’un string ou des dessous en dentelle noire, trahissant une invite sans ambiguïté. Des manières de m’as-tu-vu que je ne trouve pas intéressantes. Mais quand bien même elle porterait ce genre de choses, j’y trouverai toujours mon compte – il en restera toujours suffisamment pour que je me rince l’œil. Foutu rideau.

Mon regard remonte en suivant les balcons. Ils sont disposés dans un plan idéal. Les habitants de ce genre d’appartement ne prennent pas la peine d’installer un système d’alarme ou de poser des serrures compliquées. Il me suffit d’un quart d’heure pour être à côté de son lit.

Non.

Bordel, non.

Je dois garder ma concentration.

Esther Verhoef, Façade, Prometheus, Amsterdam, 2019.
Esther Verhoef V1

Esther Verhoef

écrivaine

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